Les « peuples premiers« qui n’ont pas, pour la plupart, développé de système d’écriture manuscrite disent souvent que la Terre est leur livre sacré… Pour le pisteur, il ne s’agit pas d’une allégorie mais d’une vérité !
Comme nous connaissons les lettres de l’alphabet qui, mises bout à bout, forment des mots, eux-même formant des phrases, puis des chapitres et enfin un livre… eux connaissent les signes qui mis bouts à bouts forment des pistes qui s’insèrent et forment le paysage et la Terre.
Chez les chasseurs-cueilleurs de toutes époques et de tous lieux, (presque) tout le monde sait « lire la Terre » comme dans les sociétés modernes (presque) tout le monde sait « lire un livre ».
Le pistage était utilisé pour la chasse, mais aussi pour la guerre, pour se protéger, pour retrouver son groupe ou pour la recherche d’eau.
De nos jours, les avancées technologiques et la sélection de races de chiens spécifiques assistent grandement les Hommes dans tous ces domaines. Cependant, savoir lire le territoire rapidement est toujours utile, en plus d’être une discipline fascinante !
Les empreintes :
Lorsqu’on parle de pistage, on pense de suite aux empreintes…
Les empreintes digitales pour les enquêtes policières, ou les empreintes d’animaux dans la boue pour le pistage animalier.
Intéressons nous à ces dernières:
La forme d’une empreinte nous permet de définir le type d’animal (sabot, pinces, pelotes, griffes, palmes…) et le sens de passage (direction).
Sa taille nous donne une idée de la taille de l’animal (attention le type de terrain influe sur la taille !).
Sa profondeur nous donne une idée de son poids (attention le type de terrain et la vitesse de l’animal influent sur la profondeur de l’empreinte).
Les projections nous confirment le sens de passage et nous indiquent la vitesse de déplacement.
Le type de terrain peut faire grandement varier la forme et la visibilité de l’empreinte. Un bon pisteur doit pouvoir reconnaitre une empreinte presque complètement oblitérés ou très partiellement marquée.
Enfin comme toutes choses, une empreinte est soumise au vieillissement (vent, pluie, humidité, assèchement, piétinement, gel…) et il est essentiel de savoir dater approximativement une empreinte pour savoir si l’animal qui l’a laissée est tout proche ou s’il est passé il y a 15 jours !
La foulée :
Pour un quadrupède, une série de 4 empreintes forme une foulée. Et avec cette foulée, on peut affiner ses hypothèses concernant sa taille, poids, sexe, et même estimer sa vitesse de déplacement.
La voie :
Elle est formée par un ensemble de foulées et précise le cheminement de l’animal.
Avec de l’expérience, on n’est plus obligé de lire chaque empreinte pour lire la voie, tout comme on n’est pas obligé de lire chauqe lertte puor comrpnedre le sens des prhsaes !
En connaissant les habitudes de l’animal, on peut déterminer son passage par simple lecture du paysage, et l’on confirmera cette hypothèse en observant seulement d’infimes changements de couleurs.
La coulée :
Tout comme nous, les animaux sont des créatures se confortant dans les habitudes. Ils créent leurs propres sentiers (appelés « coulées ») en arpentant toujours les mêmes chemins. Des animaux plus petits peuvent profiter des coulées des plus gros, et tous peuvent profiter des « coulées » des humains (sentiers, chemins, routes).
Même si les piétinements successifs empêchent souvent de bien distinguer les empreintes, les coulées sont bien visibles dans le paysage : herbe aplatie voire absente, trouées végétales, branches cassées…
Les pattes des animaux sont en contact direct avec le sol et à ce titre sont la partie de leur corps qui laisse le plus de traces.
Mais les traces ne se limitent pas aux empreintes et à leur successions !
Lorsque le corps d’un animal passe dans un taillis, les branches se plient ou cassent dans la direction du déplacement. La hauteur jusqu’à laquelle elles sont déplacées indique la taille de l’animal.
Les fèces, pelotes de réjection, marques d’urines ou de salive sont également des traces importantes qui peuvent renseigner sur le type de l’animal, son age, son état de santé et sa proximité.
La présence ou non de rosée ou de givre, de boue ou d’éclaboussures d’eau, le cris d’alarme de certains oiseaux ou leur silence soudain sont autant de signes permettant au bon pisteur de savoir s’il est sur la bonne trace.
Sur le fil de fer barbelé : poils de Chevreuil au premier plan,
et gland accroché par la Pie Grièche Écorcheur à l’arrière plan.
Énumérer tous les types de traces serait bien trop long et un gros livre n’y suffirait pas. Un pisteur doit d’ailleurs avoir des bases théoriques solides pour gagner du temps, mais surtout être en mesure de s’étonner sur le terrain de configurations nouvelles, de se questionner et de chercher jusqu’à découvrir la solution par lui-même ou grâce au savoir d’un Ancien.