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Les Aborigènes Bundjalung Kunjiel pistant dans le « Bush » français ! |
Comme prévu, JSLP était invité à venir initier les festivaliers de cette 13e édition du Rêve de l’Aborigène à Airvault (79). « Cet évènement familial et convivial associe la sérénité d´une fête sans alcool aux valeurs d´une vie en harmonie avec la nature. » Côté programmation : des groupes traditionnels en provenance de divers endroits du Globe, et de la musique « harmonique » (didgeridoo, guimbarde, arc en bouche….).
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Ridoo, participant au premier groupe de Pisteurs du festival d’Airvault ! |
Samedi, 8h : Goompi, Dhinawan, Shay & Jordan, les quatre membres du groupe Aborigène
Bundjalung Kunjiel, sont mes invités pour ce premier pistage très matinal dans le cadre d’un festival 🙂 Le jeune Pierre, 12 ans, est aussi de la partie, invité également. Ce dernier est sur le pied de guerre dès 7h40 tandis que les Aborigènes se font attendre… fidèles à leur légendaire notion du temps élastique. A 8h30, nous décidons de partir sans eux, en très petit comité donc, accompagné tout de même de mon fils et de mon petit chien. Nous sortons d’une nuit difficile, le département ayant été classé en alerte orange. Le vent, la pluie et les orages nous ont livré un concert son et lumière dans lequel nous étions aux premières loges. Mais le pire a tout de même été évité, aucun dégât matériel ni humain contrairement à d’autres départements… Concernant le Pistage, c’est une aubaine ! Le sol a été remis à zéro… les anciennes traces ont disparues, seules les fraîches seront éventuellement présentes. La datation sera aisée. Nous partons donc explorer les lisières de champs, les sous-bois et les prés, trouvons des traces du Renard, et des coulées de Chevreuil (au moins) qui n’ont pas été encore utilisées depuis la nuit. En suivant le sentier forestier, nous tombons sur un cul-de-sac au niveau de l’entrée du festival : nous sommes enfermés dans les bois, derrière les barrières de sécurité. Faire demi-tour ? Non ! Testons plutôt notre furtivité et notre agilité en nous frayant un chemin entre ronces et grillage au nez et à la barbe des agents de sécurité ! Mission réussie : nous revoilà dans le site, ni vu ni connu. Là, nous analysons la façon de marcher des festivaliers (droitier ou gaucher ?) puis nous livrons au couple d’exercices « œil de la Proie » et « œil du Prédateur ». Ce dernier passionne les enfants. Enfin nous retournons au QG pile poil pour prendre le groupe de 10h.
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C’est reparti ! |
Samedi, 10h : Le premier groupe « régulier » du festival est motivé mais peu nombreux… l’information passe de façon chaotique sur ce grand festival. J’apprends par la suite que beaucoup sont au courant de ces ateliers, veulent y participer, mais n’arrivent pas à « trouver la Piste » jusqu’à mon petit stand perdu parmi tant d’autres. Les 5 participants de ce 2e atelier ont réussi… ce qui équivaut à passer l’épreuve traditionnelle des
Brisées.
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Des traces dans les taupinières… |
Nous commençons le parcours sur le même sentier et là,
surprise : des empreintes fraîches sur une coulée transversale !!! On les analyse sous toutes les coutures : quelle direction, quel type d’animal, quel animal, quels pieds, quel côté, quel sexe, quel age et quand ? Ils réfléchissent, émettent des hypothèses, trouvent des solutions : escalade la pente, ongulé, chevreuil, patte arrière sur patte avant, côté droit, femelle, jeune,… et pour le coup j’ai pu annoncer une datation au plus précis :
« tout à l’heure, entre 9h et 10h » 😀
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L’œil de la Proie. |
La région est très plate et cultivée, énormément de champs alentour, et plus de tracteurs et de moissonneuses que de voitures sur les routes ! Le site du festival consiste en une très vaste prairie entourée d’une rivière et d’une petite forêt qui accueille forcément une grande partie de la faune sauvage locale. Avec le festival et l’orage, les habitants de la forêt ont dû rester cloîtrés toute la nuit pour ne sortir qu’au matin une fois le calme revenu : l’appel du ventre.
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Renard, Fouine ou Martre ? |
Ensuite nous bifurquons dans une prairie, un champ, le long d’un sentier puis à nouveau dans la forêt. Là, Yann (l’un des participants) aperçoit un gros trou à travers les feuillages. Nous allons inspecter. C’est le trou du Blaireau. Et plus loin les trous des autres pièces de sa demeure.
Satisfaits, nous terminons par un exercice d’éveil sensoriel sur la pelouse du festival.
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L’œil du Prédateur ! (où est Charlie ?) |
Dimanche, 10h : Cette fois-ci, le mot est tellement bien passé qu’il y a eu deux listes d’inscrits au lieu d’une ! Nous devrions être plus d’une vingtaine alors que je prévoyais une limite à 10 participants pour réduire notre impact… des pannes de réveils ont réduit le nombre à 13 🙂
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Suivre la Piste dans la pelouse ? Fastoche ! |
Nous refaisons le même parcours que la veille : j’ai envie de savoir ce qui s’est passé entre-temps. Mais il ne s’est pas passé grand chose, à part la pluie qui est retombée plus légèrement, ce qui est très intéressant pour faire de la datation comparée entre différentes traces faites il y a 2 jours, la veille, et à l’instant. Il y avait aussi beaucoup plus de traces de Sapiens et de leurs Canidés en lisières de forêt… des traces dans lesquelles il valait mieux ne pas mettre le pied (ou alors le gauche). Les participants ont réalisé à quel point les cris d’alarme des Oiseaux sont des indicateurs incontournables pour savoir ce qu’il se passe dans les bois au delà de la portée de notre regard. Des Corneilles puis des Geais leur ont révélé la présence de différents groupes de promeneurs. Les Araignées et les Papillons leur ont également appris de belles leçons de Pistage.
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A la queue-leu-leu dans les sous-bois de la forêt d’Airvault. |
Tous les participants de ces trois groupes étaient ravis de
l’expérience,
et j’espère les recroiser un jour ou l’autre sur la Piste…
Dimanche, 12h30 : En rentrant à mon stand, je tombe sur les
Bundjalung Kunjiel qui lancent le boomerang dans le pré :
« Bin alors les gars, panne de réveil hier matin ? » – « Non, simplement nous ne dormons pas sur le site mais au village et notre chauffeur n’était pas prêt pour 8h, désolé… »
Pardon… tout ceci s’est dit en Anglish évidemment… et même en « Aussie ». La suite du compte-rendu sera donc en V.O.
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Un futur Maître-Pisteur : Ridoo ! |
So the Bundjalung couldn’t find a car to be there at 8 o’clock on the previous morning. I offered them a quick walk in the forest to take a look at Sir Badger’s mansion, which was only 5 minutes away from where we stood. They came along with their spears, ready to catch the bush tucka’
! Then, were impressed by the clarity of the trail on this very leafy substrate and by the dimension of the den. I explained how one could tell this is a Badger’s den and not a Fox’ by mimicking the animal digging : Badger has big front paws with long and strong claws. His paws are positioned in diagonal compared to the body’s axis, so he pushes the earth on each side of his body, creating a large « fan » of crumbled earth on the entrance’s porch. Whereas Fox projects the earth in between his hind legs, creating a much smaller fan (much like a straight line). Furthermore, the oval of the hole was horizontal, corresponding to Badger’s short-legs/big-butt morphology. Fox’s would have been vertical.
They were amazed to see that Tracking is still practised in Europe and thrilled to learn (through the analysis of his tracks) the habits of an animal they don’t have Down Under.
And I was very pleased to have been able to share this moment with these fellas ! Linking Past and Present, Here and There, sharing Knowledge… that’s what Culture and Tracking are all about 🙂
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Bundjalung Kunjiel on stage. |